La Suisse enregistre les nouveaux diagnostics de VIH depuis 1985. Qu’y-a-t-il de remarquable dans les chiffres de 2017 publiés en octobre dernier? 

L’OFSP explique la baisse du nombre de nouveaux diagnostics de VIH par les efforts de prévention des dernières années et par les traitements précoces. Il s’agit là d’une explication facile et simpliste. Bien que les efforts de prévention sont importants, en quoi en 2017 ont-ils été plus efficaces que pendant les 30 années précédentes ? Les doutes sont permis. La baisse serait donc due aux thérapies précoces ? Or, celles-ci sont mises-en-œuvre depuis 2008, dernière année où on a aussi enregistré une baisse significative des nouveaux diagnostics.

Qu’est-ce qui a réellement changé en 2017 ? Le seul changement est dû à la PrEP. Une enquête sur les applications digitales (Apps) de rencontre gay en janvier 2017 montre qu’environ 1’000 hommes gays utilisent aujourd’hui une prophylaxie pré-exposition (PrEP) en Suisse. C’est un changement majeur par rapport à la situation antérieure. Les enquêtes menées auprès des professionnels de la médecine montrent également que la PrEP est plus facilement et plus souvent prescrite. Les Checkpoints prescrivent la PrEP avec beaucoup plus de fréquence qu’auparavant; l’hôpital universitaire de Zurich a même instauré une heure de consultation PrEP. Dans tous les pays où la PrEP est accessible, les nouveaux diagnostics diminuent massivement. Ceci est le cas en Allemagne, en France, à Londres et en Australie.

Pourquoi l’OFSP est-il si prudent ? Cette évolution serait l’occasion de prendre le taureau par les cornes et de mieux mettre en œuvre et ancrer la PrEP dans les efforts de prévention. L’OFSP doit s’engager et finalement faire son travail. C’est de la paresse ou de l’aveuglement qui freinent l’action nécessaire qu’on s’attend de la part de l’OFSP ?

David Haerry / Novembre 2018