Cette année qui touche à sa fin, nous a à nouveau amené nombre de choses que nous pensions encore impossibles il y a peu. Le début de l’année a été marqué par l’impression laissée par le ‘glissement à droite’ de notre parlement, pour nous source d’inquiétudes, les forces politiques de droite étant toujours soupçonnées de vouloir réduire les dépenses de sécurité sociale et de santé, etc.. Mais le fait que les ‘américain(es)’ aient récemment élu président un homme peu soucieux de la vérité et qui ne considère les femmes que comme objet de désir à utiliser pour satisfaire ses envies n’est pas très glorieux pour notre ‘civilisation de l’excès’. L’exactitude des nouvelles publiées (particulièrement sur les média sociaux) demande aujourd’hui d‘être vérifiée, il existe toujours plus de ‘journalistes’ ne visant qu’à faire remonter à la surface des scandales en tout genre – merveilleux monde nouveau.

En quoi cela nous regarde-t-il? C’est dans ce monde que nous devons tracer notre voie. Nos intentions sont autres, elles sont sérieuses. Faire le travail bénévole que nous effectuons n’est pas toujours ‘un truc génial’. La tâche est parfois ardue. Il s’agit d’un vrai travail. Le Yin et le Yang, des hauts et des bas. Si ce travail n’est pas très ‘glamour’, il est source de satisfaction. Aucun d’entre nous ne livre intentionnellement un ‘mauvais’ travail, chacun œuvre au mieux pour la communauté.

Focus sur l’hépatite C

Ces deux dernières années, le thème de l’hépatite C a, comme chacun sait, sans cesse gagné en importance. L’accès de toutes les personnes infectées au VHC à des traitements universels et bien tolérés est l’une de nos premières priorités. Le fait qu’il ne soit pas possible de prescrire aux patients qui en ont besoin, dans la réalité, de médicaments ne coûtant que quelques centimes à produire, est totalement indigne d’un ‘système de santé public’ citoyen. Pourtant nos coups incessants (et ceux de nos collègues) devraient prochainement venir à bout de cette forteresse. J’en fais le pari! C’est pourquoi j’appelle chacun de vous, dont le foie se refuse toujours à guérir à ce jour, à vous réjouir et à vous battre à nos côtés. Bombardez les autorités sanitaires (OFSP) et l’industrie pharmaceutique de lettres, les caisses-maladie de demandes de remboursements, adressez lettres ouvertes, courriers de lecteurs et communiqués de presse aux médias et aux politiques qui nous soutiennent. La seule chose susceptible d’aider dans le contexte actuel est une pression venant de la base.

Ne pas oublier les communautés de migrants

Autre élément qui nous tient à cœur, nos communautés de migrants. Il reste beaucoup à faire concernant leur santé et leur accès aux prestations. Peu de choses ont été entreprises ces dernières années au niveau administratif, les choses semblent vouloir bouger depuis peu seulement. Le VIH ne pouvant être considéré, dans les pays sub-sahariens, comme la maladie de groupes de population marginalisés, mais qu’il a un visage essentiellement féminin, les stratégies de préventions et de traitement ne peuvent plus ignorer ce fait. Autre facteur primordial est le déracinement culturel et social, de même qu’une mobilité bien plus importante, en Europe surtout, et malheureusement enfin, des risques de stigmatisation croissants. Nous travaillons donc actuellement avec nos partenaires européens à l’élaboration de réponses adéquates, afin d’améliorer la qualité de vie et l’accès aux prestations de santé des migrant(e)s.

Que réserve l’avenir? La PrEP est indispensable

Le troisième aspect, tout aussi important, est la lutte pour la PrEP. Plusieurs études ont maintenant montré que cette méthode de prévention répond parfaitement aux attentes élevées qui ont été placées en elle. La PrEP n’est toutefois en aucun cas une stratégie à appliquer par ex. pour tous les gays sans exception. Un groupe relativement bien identifié et restreint de personnes doit toutefois pouvoir, pour diverses raisons, bénéficier d’une PrEP. Ces individus, qui sont pour ainsi dire d’importants relais de l’infection, peuvent précisément garantir une gestion des risques très efficace, dans leur propre intérêt – comme dans l’intérêt de la santé de leurs congénères. Notre loi sur l’assurance-maladie s’y oppose, et les mesures de préventions ne sont en aucun cas remboursées par l’assurance de base. Mais compte tenu du fait que le Truvada générique ne coûte, là encore, que quelques centimes, une solution pragmatique peut nécessairement être trouvée – pour peu qu’il y ait en la matière une volonté et un intérêt réels.

C’est dans ce sens que nous devons tous nous engager, pour créer un système de santé vraiment digne de ce nom. Un système visant à préserver la santé et non pas à intervenir une fois la maladie avérée. Ou même une fois seulement la maladie à un stade de gravité avancé…

Vvalo Bärtschi / Novembre 2016