Résumé de la Journée mondiale du sida en Suisse
14 décembre 2022
La discrimination dans le domaine de la santé était le thème de la campagne suisse de cette année à l’occasion de la Journée mondiale du sida. L’Aide Suisse contre le Sida a fait preuve d’imagination et n’a reculé devant aucun effort ni coût. Voici un aperçu de la campagne.
Depuis de nombreuses années, notre organisation faîtière nationale collecte des déclarations de discrimination. Toutes les personnes concernées peuvent en parler. Fait intéressant : c’est dans le secteur de la santé que cela se produit le plus souvent, là où on s’y attend le moins. Près d’un tiers des cas signalés concernent ce secteur. Dentistes, chirurgiens, urgentistes, personnel soignant débordés ; refus de traitement, mesures d’hygiène inutiles, refus d’une femme enceinte par plusieurs hôpitaux et transmission illégale de données confidentielles – le spectre est large.
A quoi est dû le fait que le système de santé soit si difficile ? Ce sont les images fortes des années 80 et 90 qui hantent encore les esprits. A l’époque, la Suisse a fait preuve de beaucoup de succès et de créativité pour apprendre aux professionnels de la santé qu’il était possible de traiter et de soigner les personnes séropositives si l’on se protégeait en conséquence. Ces mesures de protection sont depuis longtemps dépassées, et cela fait bientôt 15 ans que nous sommes en route avec la Swiss Statement. Mais les fantômes d’autrefois ne se laisseront pas chasser de sitôt.
Une médecin inconnue a réagi violemment à la nouvelle campagne. Elle écrit notamment à l’Aide Suisse contre le Sida :
«J’ai reçu votre lettre sur les personnes séropositives, quasiment avec l’avertissement qu’en tant que médecin, je ne devais pas prendre de mesures « exagérées » dans le traitement des patients séropositifs, afin que ceux-ci ne se sentent pas discriminés.
Tout ce que je peux dire, c’est que je ne l’accepte pas ! Même si 95% ne sont pas contagieux, il y a toujours les autres 5% et même chez les patients traités, je ne peux pas voir sans laboratoire quelle est la charge virale actuelle.
Même s’il n’y a qu’un risque minimal d’infection, je ne m’y expose certainement pas, surtout s’il est évitable, et j’agis en conséquence selon mon besoin de sécurité. Si cela ne convient pas aux personnes concernées, qu’elles ne se fassent pas soigner par moi.
Je me réserve clairement le droit de placer ma propre protection au premier plan dans mes rapports avec le VIH et d’autres patients infectieux. Je ne me soucie pas de savoir pourquoi les patients sont infectés et je ne les juge pas, ce n’est pas du tout le problème. Je n’ai en effet pas non plus envie d’une prophylaxie PEP et de la charge psychique qui en découle lors des propres tests pour savoir si l’on est infecté ou non, et ma propre santé est mon bien le plus précieux».
Quelqu’un a réagi violemment de manière excessive, et n’a probablement pas lu correctement le matériel d’information reçu.
Mais il y a aussi eu des réactions positives :
«J’ai lu avec étonnement votre lettre dans laquelle vous écrivez que de nombreuses déclarations discriminatoires proviennent du secteur de la santé. En tant que Néerlandais, je travaille comme hygiéniste dentaire en Suisse. Je pense que nous sommes plus ouverts à ce sujet aux Pays-Bas. (..) Si des personnes à la recherche d’un hygiéniste dentaire viennent me voir, je les aiderai volontiers. Aux Pays-Bas, il existe un registre spécial des prestataires de soins qui sont prêts à aider tout le monde. J’aimerais aider à mettre fin à ces discriminations.»
Ou ici :
«Les paquets sont d’ailleurs arrivés. (…) Cela a merveilleusement bien fonctionné et a déjà eu un impact sur mes collaboratrices (« Je ne le savais pas ?! ») Super.»
Pendant la campagne, 74’000 dépliants « Gestion des personnes séropositives dans le secteur de la santé » ont été distribués. A cela s’ajoutaient 100’000 sachets de thé relaxant provenant des montagnes grisonnes. Un webinaire a été organisé et un site web spécial a été mis en ligne. 16 coopérations avec des associations professionnelles et des sociétés médicales, dont la FMH, ont été obtenues. Le travail médiatique a eu un écho réjouissant dans tous les médias et dans toutes les régions du pays.
La campagne sera poursuivie en 2023. C’est important pour approfondir les contenus. Ce que nous souhaiterions pour l’avenir, ce sont des mesures qui thématisent les discriminations dans la vie privée, que ce soit au sein de la famille, lors de la recherche d’un partenaire ou d’un plan sexe. Ces piqûres sont en effet particulièrement douloureuses.
David Haerry / Décembre 2022
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