ÉDITORIAL

A l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida 2021

Nous revenons avec un numéro plus petit à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida. Une fois de plus, celle-ci est noyée dans une avalanche d’actualités de Corona.

Enfin, l’ineffable débat sur la loi Covid est provisoirement clos. Nous avons encore rarement vu une campagne de votation où le contenu de la loi en question n’était pas du tout en cause: Qui ne veut pas d’aides économiques, de crédits de transition ou de mesures de protection ? Et nous avons un parti gouvernemental qui, depuis le début, fait tout pour utiliser la pandémie à ses propres fins. On crie « Division de la société ! » et on appuie soi-même sur l’accélérateur de la division. But de l’exercice : on veut gérer les mécontents et les «Freiheitstrychler» et les garder dans son propre électorat. Même pour certains de ses partis cantonaux, l’UDC a ainsi dépassé les bornes.

Pourtant, même les motions de vote ont eu du mal à passer dans la phase finale – une nouvelle mutation du coronavirus, appelée Omicron, fait des remous depuis quelques jours. Le coronavirus SRAS-CoV-2 peut muter particulièrement souvent chez les personnes dont le système immunitaire est affaibli. En Afrique du Sud, où la mutation a été découverte, de très nombreuses personnes vivent avec le VIH et ne sont pas traitées de manière optimale. C’est pourquoi certains experts supposent aujourd’hui que cette variante particulière avec de très nombreuses mutations pourrait être apparue chez des personnes séropositives. Reste à savoir quelle est sa dangerosité réelle et si toutes ces nouvelles mesures frénétiques sont justifiées.

Pour les personnes séropositives en Suisse, il est maintenant important de recevoir rapidement une injection de rappel et, accessoirement, de se faire vacciner contre la grippe. Même si la situation actuelle n’est pas très bonne : Nous ne devrions plus connaître un hiver aussi terrible que le dernier. Et pour ceux qui ont dans leur entourage des personnes qui ont des difficultés à se faire vacciner : prenons le temps de les écouter, d’entendre leurs craintes – car rares sont ceux qui sont vraiment contre la vaccination. La plupart sont simplement dépassés. L’avalanche de nouvelles quotidiennes pendant des mois, avec des experts en surdose d’adrénaline et des politiciens manifestement dépassés : à un moment donné, cela s’arrête tout simplement chez beaucoup de gens. Trop, c’est trop. Si nous nous laissons à nouveau surprendre par une cinquième vague, c’est un signe clair d’échec à plusieurs niveaux.

Nous commémorons cette année les « 40 ans du VIH », et je m’étais imaginé que nous avions beaucoup appris de cette épidémie. Dans ce pays, nous avions mis en place, au milieu des années 1980, une prévention et des instruments de prise en charge remarquables, nous avions trouvé un langage qui impliquait les gens et les personnes concernées et qui ne les excluait pas. Si nous regardons autour de nous aujourd’hui, il ne reste pas grand-chose de ce savoir-faire. Certes, la tempête Covid est encore bien plus violente qu’à l’époque du VIH. Mais parce qu’il en est ainsi, nous devrions réfléchir encore bien mieux à la manière dont nous traitons les gens et notre société. La crise actuelle a sérieusement ébranlé la confiance entre les personnes, les institutions et les dirigeants politiques. L’épidémiologiste Marcel Tanner, fort de son expérience en Afrique et en Asie, a mis le doigt sur un point essentiel : le facteur humain est décisif dans la lutte contre les épidémies. Il y a bientôt 40 ans, nous le savions manifestement mieux qu’aujourd’hui ici en Suisse – cela m’attriste et me fait réfléchir.

David Haerry / décembre 2021

PDF Newsflash décembre 2021