L’Association Hépatite C Suisse et le Conseil Positif ont adressé il y a un mois un courrier à Monsieur le Conseiller Fédéral Alain Berset. Nous réclamons ensemble que cesse enfin ce jeu du chat et de la souris qui se fait au détriment des patients. Nous demandons également l’affirmation par l’Office fédéral de la santé publique d’un soutien clair à la stratégie suisse contre l’hépatite C. La réponse du Département fédéral de l’intérieur nous est parvenue après le délai rédactionnel. Nous y reviendrons dans la prochaine édition.

Monsieur le Conseiller fédéral,

Depuis près de trois ans sont autorisées en Suisse de nouvelles substances hautement efficaces et quasiment sans effets secondaires pour le traitement de l’hépatite C. Des personnes qui luttent pour beaucoup depuis plus de 20 ans contre des symptômes souvent lourds, qui souffrent d’une qualité de vie très diminuée et sont en outre régulièrement limités dans leur activité professionnelle, devraient pouvoir bénéficier depuis 2014 d’une guérison rapide et définitive, qui leur est refusée du fait des restrictions imposées par l’OFSP.

Les caisses maladie refusent même la prise en charge des coûts pour des cas n’étant pourtant clairement pas concernés par les restrictions définies par l’OFSP. Les pharmacies refusent de commander les médicaments sans présentation d’une prise en charge explicite de la caisse maladie. Nos médecins se battent contre des procédures administratives sans fin, au lieu de consacrer un temps déjà limité à leurs patients. Pendant ce temps, des fonctionnaires de l’OFSP clament tranquillement dans les médias qu’en Suisse, toute personne souffrant de problèmes de santé est traitée. Chaque déclaration de l’OFSP provoque chez nous une marée d’e-mails envoyés par des patients en colère, abandonnés par le système et au final, par des médecins désemparés.

Deux destins de patients nous ont particulièrement touchés ces dernières semaines. Il ne reste dans un cas qu’une veuve pleurant son mari décédé en quelques mois, sans traitement. Lorsqu’a enfin été posé le diagnostic, son hépatocarcinome n’était déjà plus traitable1. L’autre, un patient avec un diagnostic de cirrhose du foie de stade 4 clairement établi, attend un traitement depuis mai 2016. Sa vie ne tient qu’à un fil, pourtant la caisse maladie responsable persiste à prétendre qu’il n’y a pas de symptômes2. D’autres patients – une cinquantaine à ce jour – importent des génériques d’Inde et financent leur traitement de leur propre poche.

Monsieur le Conseiller fédéral, nous avons une loi sur l’assurance-maladie et une Constitution fédérale. La situation des patients souffrant d’hépatite C signe la faillite totale de notre système d’assurance maladie obligatoire. Cet état de fait est indigne de la Suisse.

Combien de patients suisses souffrant d’hépatite C doivent encore mourir, combien doivent encore souffrir dans l’attente d’un traitement et de la guérison? Nous vous prions instamment de mettre fin à ce honteux jeu du chat et de la souris qui se fait au détriment des patients. Nous vous demandons aussi d’affirmer clairement votre soutien aux différents acteurs de la stratégie suisse contre l’hépatite C.

Nous vous adressons par avance tous nos remerciements au nom de trop nombreux patients désespérés et vous adressons nos sincères salutations.

L’Association Hépatite C Suisse et le Conseil Positif Suisse

 

David Haerry / Mai 2017

 

Hépatite C: notre courrier à Monsieur le Conseiller fédéral Berset

La réponse du Département fédéral de l’intérieur nous est parvenue après le délai rédactionnel. Nous y reviendrons dans la prochaine édition.

 

1https://positivrat.ch/cms/recht-gesellschaft/aus-unserem-leben/241-jeder-sollte-zugang-zu-der-behandlung-haben.html

2https://positivrat.ch/cms/fr/droit-et-societe/assurance/229-calvaire-des-traitements-de-l-hepatite-c-atupri-refuse-a-tout-prix-de-payer.html