Des études récentes montrent que les troubles psychiques chez les patients VIH peuvent entraver le succès d’une thérapie antirétrovirale et réduire ainsi, s’ils ne sont pas traités, les chances de survie des patients concernés. Une conférence intéressante de Glenn Treisman fournit des explications.

De plus en plus de patients souhaitent établir une collaboration sur un pied d’égalité avec leur médecin traitant, car ils tiennent à comprendre la maladie et son évolution, veulent être clairement informés de leur traitement et de ses chances de succès, mais aussi des risques et effets secondaires ou conséquences à long terme de leur médication. Le médecin pour sa part souhaite lui aussi une bonne collaboration avec le patient, car c’est un élément essentiel pour le succès du traitement et la stabilité de vie de l’individu concerné. Le médecin souhaite donc savoir si son patient prend régulièrement ses médicaments, quel est son ressenti, s’il rencontre des effets secondaires ou d’autres problèmes, et se renseigne de manière générale, sur tout élément qui pourrait avoir une influence sur la maladie et le succès du traitement.

Santé physique et psychique sont étroitement interdépendantes. L’infection au VIH peut donc induire des troubles psychiques. Si ceux-ci ne sont pas détectés à temps et traités de manière adéquate, ils peuvent mettre en danger le succès de la thérapie anti-VIH.

L’infection au VIH représente à elle seule un énorme stress pour la personne concernée. Ce stress, mais aussi l’infection VIH elle-même et le cas échéant, les médicaments, peuvent générer des comorbidités d’ordre psychiatriques, telles que d’importantes sautes d’humeur, des crises d’angoisse, une dépression et dans les cas extrêmes, un comportement psychotique. Les conséquences sont souvent une baisse de l’adhésion au traitement, mais également des troubles du comportement social ou encore des difficultés à organiser sa vie quotidienne et à en maîtriser les exigences au jour le jour. Cela peut au final aboutir au chômage et à l’incapacité professionnelle, avec l’isolation sociale, la mise à l’écart et la stigmatisation qui en découlent. Il peut aussi en résulter un comportement sexuel à risque, un potentiel accru de dépendance et l’abus de substances, des pensées suicidaires, voire conduire au suicide.

Le spectre des symptômes est large. Les effets secondaires somatiques fréquemment observés ‒ qui sont autant d’indices de possibles troubles psychiques ‒ sont le manque d’énergie, la baisse d’appétit, les troubles du sommeil, la perte de poids, des symptômes gastro-intestinaux, mais aussi des troubles de la libido, des vertiges, palpitations, tachycardies, oppressions, manque d’air, paresthésies ou céphalées.

Dans sa conférence donnée début octobre à l’ARUD, le centre de la médecine de l’addiction à Zurich, le Professeur Glenn Treisman, Directeur du Centre de Psychiatrie et des Sciences du comportement de l’hôpital Johns Hopkins de Baltimore (USA), tirait les conclusions suivantes:

  1. Une infection par le VIH accroît chez les patients le risque de troubles psychiques légers à sévères.
  2. Ce type d’affection peut débuter par une dépression et générer des troubles psychiques chroniques potentiellement graves.
  3. Addiction et abus de drogue sont plus fréquents chez les patients VIH, avec pour résultat une baisse de l’adhésion au traitement, donc des chances de succès de la thérapie.
  4. Effectuer un dépistage systématique en cas de suspicion, en lien avec le diagnostic, peut améliorer les chances de survie du patient et l’efficacité de son traitement anti-VIH de manière significative.
  5. Les médecins traitants doivent en conséquence, s’ils suspectent un possible trouble, impliquer leurs collègues spécialistes concernés, afin d’effectuer les clarifications requises et d’initier les mesures adéquates. Ceci permet d’améliorer la qualité et les chances de succès de la thérapie. C’est aussi un précieux soutien au personnel de soin, souvent dépassé par ce type de cas, de même qu’un outil de sensibilisation pour le médecin traitant, qui lui permettra de détecter les symptômes à temps et d’adapter le suivi des patients à leurs besoins spécifiques.

Au final, c’est le moyen d’établir, pour les deux parties, une collaboration médecin/patient optimale et réussie. Le Professeur Treisman a clairement mis en avant dans sa conférence l’amélioration significative du suivi des patients VIH liée à une telle approche sur la base concrète des résultats d’études.

 

Hansruedi Völkle / Novembre 2017