L Salazar-Vizcaya et al, Journal of Infectious Diseases, juin 2019

Le nombre des nouvelles infections avec le virus de l’hépatite C (VHC) chez les hommes VIH-positifs qui ont des rapports sexuels avec des hommes (HSH) a considérablement diminué grâce à l’accès facile aux médicaments anti-VHC hautement efficaces en Suisse et au traitement rapide des personnes avec une infection récemment acquise. Le nombre des nouvelles infections pourrait cependant de nouveau augmenter si beaucoup de HSH s’infectaient à l’étranger avec le VHC et réimportaient l’infection en Suisse.

Les auteurs de cette étude SHCS ont analysé combien d’HSH ont contracté le VHC à l’étranger et en Suisse de 2000 à 2016. L’étude a montré que le nombre des infections avec le VHC contractées en Suisse chez les HSH a clairement augmenté. Nous en décrivons les conséquences ci-dessous.

Pour cette étude, les auteurs ont analysé à l’aide de la biologie moléculaire les souches de virus de 99 patients de la SHCS infectés par le VHC. Toutes les souches de virus faisaient partie des infections du génotype 1a, le génotype le plus fréquent chez les HSH. Deux tiers des souches virales provenaient de patients HSH. Basé sur ces 99 souches de virus, les auteurs ont construit une généalogie génétique et l’ont comparé à 374 souches de référence suisses et étrangères. Cela a permis d’en déduire qui de ces 99 patients de la SHCS a contracté l’infection en Suisse et qui à l’étranger.

Basé sur ces analyses, les chercheurs supposent que 50 à 80% des infections VHC provenaient de souches de virus suisses et par conséquent les personnes ont probablement contracté le VHC en Suisse. Par contre, pour les années de 2000 à 2007 la partie des souches VHC suisses était de 54%. Autrement dit, un peu plus de la moitié des HSH ont probablement contracté l’infection VHC en Suisse. Néanmoins, la partie des infections VHC contractées en Suisse a augmentée de 2008 à 2017 à 85%. Ils n’ont trouvé aucun indice que les infections VHC chez les HSH provenaient de personnes qui faisaient partie du groupe à risque des consommateurs de drogue par voie intraveineuse.

En résumé, l’étude montre qu’il existe chez les HSH VIH-positifs un réseau international de transmission d’hépatite C. Le dépistage précoce de ces réseaux par ce genre d’études peut aider à interrompre la chaine de transmission et à circonscrire la prolifération des infections VHC à l’intérieur des réseaux. De plus, il est probable que pendant la période d’observation de l’étude, la plupart des HSH ont contracté l’infection VHC en Suisse et non à l’étranger. Les infections VHC importées de l’étranger continuent de jouer un rôle important: les infections importées pourraient anéantir les efforts d’éradiquer le VHC chez les HSH VIH-positifs en Suisse.



Commentaire Conseil Positif

David Haerry

Cette étude de Luisa Salazar est effectivement très intéressante. Revenons quelques années en arrière. Depuis quelques années, nous observions une forte augmentation des nouvelles infections à l’hépatite C chez les HSH séropositifs dans la cohorte Suisse, et nous en avons fait état, également ici. Entre-temps, tous les HSH co-infectés en Suisse ont été guéris de leur hépatite C. Jusqu’à présent, très peu de réinfections ont été observées. Si l’analyse de Luisa Salazar-Vizcaya montre maintenant que la plupart des infections à VHC chez les HSH sont survenues en Suisse, on peut s’attendre à ce que le nombre de nouvelles infections chez les HSH suisses diminue. Ce serait un grand succès, comme le montrera l’étude HCVree. Cette étude est maintenant terminée et nous attendons la publication.